LA BALLADE DU PAUVRE FRANCIS
Paroles : Jean-Claude Rémy - Musique : Olivier Dzralik
1
Une mère abusive et forte de mamelles,
Veuve quinze ans avant la mort de son époux
Tellement il était devenu veule et mou,
L’éleva dans les confitures et la flanelle.
Il en devint notable dans le style rural
Et rédacteur au bulletin municipal.
FRANCIS, PAUVRE FRANCIS !…
2
Il en devint idiot mais bon vétérinaire,
Exactement le fils que souhaitait sa mère.
Il épousa une oie mondaine et dynamique
Qui lui fit de beaux drames aigus et hystériques.
Il eut sauna, piscine, dogues dans un manoir
Mais s’échina quinze ans pour payer son bazar.
FRANCIS, PAUVRE FRANCIS !...
3
Césariennes en série, vaches folles ou coliques,
Il se levait la nuit pour accoucher des biques
Ou pour soigner les petits toutous bien peignés
Qui trépassaient d’indigestion de faux-filet.
Puis il rentrait chez lui, chez Bichette et Maman :
Pink Floyd et petits fours, cognac et coups de dents.
FRANCIS, PAUVRE FRANCIS !...
4
Sa femme, la tigresse, un soir d’après bagarre,
Allumée au bourgogne et l’œil gauche au beurre noir,
Lui dit : « Francis, mon vieux, nous nous sommes assez vus,
Rends-moi mes billes et mon alliance, je ne joue plus ! »
Et la voilà partie se tortillant chez son amant,
Meilleur ami de son mari, évidemment...
FRANCIS, PAUVRE FRANCIS !...
5
Deux ans plus tard, après qu’il eût refait surface,
Oublié sa morue, ses cris et ses grimaces,
Un soir qu’il revenait d’un banal cinéma
A cent quarante, un peu bourré, comme il se doit,
Un plus poivrot que lui le prit de plein fouet,
Lui éclatant le foie, lui broyant les jarrets.
FRANCIS, PAUVRE FRANCIS !...
6
Sa ballade est finie, détachez sa ceinture,
Coupez l’autoradio, dégagez la voiture...
Corps endormi dans un fossé des Yvelines,
La vie gâchée par un amour fiel et bibine,
Une mère folle et bien du fric pour sable et vent,
Petit garçon mort dans un champ à quarante ans.
FRANCIS, PAUVRE FRANCIS ! ...
FRANCIS, PAUVRE FRANCIS !...